À l’occasion de la COP 28, plusieurs pays ont lancé un appel à augmenter la part des énergies renouvelables et à améliorer significativement l’efficacité énergétique d’ici à 2030. Vincent Minvielle, Directeur RSE chez Servier, revient sur la nouvelle trajectoire du Groupe en matière de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre ; et notamment sur les actions que nous menons pour optimiser notre consommation énergétique.
Vincent, comment abordez-vous le sujet de la décarbonation, et plus particulièrement la « transition énergétique » chez Servier ?
La vision 2030 du Groupe est très claire : nous souhaitons avoir un impact sociétal significatif pour les patients et pour un monde durable.
En tant qu’acteur pharmaceutique, la santé est un pilier essentiel de notre stratégie RSE. Et nous sommes conscients que la santé des patients, des collaborateurs et leur bien-être sont intrinsèquement liés à l’état de notre planète.
C’est pourquoi, nous nous sommes fixé l’objectif ambitieux de réduire de 42% d’ici 2030 nos émissions des Scopes 1&2, et de réduire de 25% nos émissions du Scope 31, par rapport à 2021/2022.
Nos objectifs ont été revus à la hausse cette année, en ligne avec les objectifs de l’Accord de Paris. Notre nouvelle trajectoire sera soumise au SBTi, l’organisme de référence pour la définition d’objectifs climat par les entreprises. La réponse est attendue courant 2024.
Pour y parvenir, nous agissons sur quatre leviers majeurs : l’énergie, la mobilité, les achats responsables, ainsi que le transport et la distribution de nos médicaments.
Les consommations énergétiques du Groupe représentent environ 10% du total de nos émissions de gaz à effet de serre. Pour réduire cet impact, deux axes de travail : diminuer notre consommation énergétique d’une part, et augmenter notre approvisionnement en électricité renouvelable d’autre part.
Quelles sont les actions concrètes mises en œuvre ?
Nous avons dessiné ensemble une stratégie qui s’articule autour de trois volets :
Premier volet : réduire notre consommation d’énergie ; la meilleure énergie étant celle que l’on ne consomme pas.
Par exemple, nous avons déployé des technologies « Stop & Start » sur certains de nos sites industriels. Ce système prévoit un dispositif d’arrêt et de redémarrage automatique des équipements dans le but de réaliser des économies d’énergie.
Ensuite, d’ici 2025, nous ambitionnons d’obtenir les certifications ISO 50001 ou ISO 14001 sur 80% de nos sites industriels et R&D, et 100% d’ici 2030.
Aujourd’hui, 44% de nos sites industriels (soit 7 sites industriels au total : Bolbec et Gidy en France, Arklow en Irlande, Anpharm en Pologne, Tolède en Espagne, Le Caire en Egypte et Sophyno en Russie, ainsi que notre siège social à Suresnes en France) sont certifiés ISO 50001 ou ISO 14001.
La norme ISO 14001 définit les critères d’un système de management environnemental et se prête à la certification. Elle propose un cadre que les entreprises ou organisations peuvent appliquer pour mettre en place un système efficace de management environnemental.
La norme ISO 50001 propose des modalités pratiques visant à réduire la consommation d’énergie par la mise en œuvre d’un système de management de l’énergie (SMÉ).
Enfin, réduire notre consommation énergétique passe également par l’adoption d’une politique « d’achats raisonnés ». Dans ce cadre, pour tous les nouveaux projets d’achat d’équipements industriels, nous prenons en compte la dimension d’efficacité énergétique.
Au total, sur l’exercice 2021/2022, les consommations énergétiques du Groupe ont diminué de près de 4 % par rapport à l’année précédente.
Notamment en France, nous avons monté une « Task force » multidisciplinaire dont la mission est de promouvoir la sobriété énergétique au sein de notre Groupe. L’objectif ? Réduire de 10% notre consommation d’ici deux ans.
Deuxième volet : augmenter la part des énergies renouvelables dans notre mix énergétique
Le pourcentage d’électricité renouvelable dans notre mix électrique a atteint 13 % sur l’exercice 2021/2022, et nous souhaitons aller plus loin. Les possibilités qui s’offrent à nous sont différentes dans chaque pays. Pour cela, Schneider Electric nous accompagne afin de définir une stratégie cohérente et réaliste.
Aujourd’hui, déjà cinq sites industriels s’approvisionnent à 100 % en électricité renouvelable : Arklow en Irlande, Tolède et Madrid en Espagne, Jacarepagua et Pharlab au Brésil.
Quatre sites industriels sont également dotés de panneaux photovoltaïques, et génèrent de l’électricité renouvelable pour leur propre consommation (2 sites en Espagne, 1 site en Irlande, 1 site en Pologne).
Enfin, plus de 20% de l’énergie consommée dans notre nouvel institut de R&D à Saclay provient de la géothermie2.
Troisième volet : mobiliser les salariés
Chez Servier, nous avons à cœur de faire évoluer nos habitudes collectives et individuelles. L’engagement de tous les collaborateurs est donc essentiel pour atteindre nos objectifs.
Dans cette optique, nous avons déployé plusieurs campagnes d’éco-gestes en interne, afin d’inciter chacun à adopter de bons réflexes au quotidien.
Plusieurs évènements récents ont également renforcé ces campagnes :
Quelles sont les prochaines étapes ?
Notre défi est de continuer à réduire nos émissions de gaz à effet de serre, tandis que nos activités et nos volumes de production continuent à croître.
Entre 2016 et 2022, nous sommes parvenus à diminuer de 23% la quantité de gaz à effet de serre émis sur les Scopes 1 et 2, par unité de chiffre d’affaires générée. (Autrement dit, nous avons réduit de 23% l’intensité carbone de nos activités)
Convaincus que toutes les énergies sont nécessaires pour atteindre nos objectifs de durabilité, nous souhaitons continuer à embarquer chaque collaborateur et collaboratrice dans cette démarche ambitieuse.
[1] Les émissions Scope 1 correspondent aux émissions directement liées aux opérations du Groupe. Les émissions Scope 2 correspondent aux émissions liées à l’achat de l’électricité et de chaleur. Enfin, les émissions Scope 3 regroupent toutes les autres émissions indirectes (approvisionnement, transport, déplacement professionnel…)
[2] La géothermie (littéralement « chaleur de la terre ») est l’exploitation de la chaleur stockée dans le sous-sol.