Qui dit été, dit saison propice aux maladies veineuses ! Mais pourquoi la chaleur augmenterait-elle le risque de souffrir d’une maladie veineuse chronique ? Cyril Maurice, Global Product Director Chronic Venous Disease chez Servier nous explique les conséquences de la chaleur sur notre corps.
Cyril, pouvez-vous définir la maladie veineuse ? Comment la reconnaît-on ?
Cyril Maurice : L’insuffisance veineuse est causée par une forte inflammation du système veineux dans les parties inférieures du corps.
Elle est le résultat d’une mauvaise circulation du sang dans les veines des membres inférieurs, généralement due à un dysfonctionnement des valvules situées au niveau des parois veineuses. Celles-ci, semblables à des « clapets », ont pour rôle d’empêcher le sang de refluer. C’est pourquoi leur obstruction perturbe la bonne circulation du sang vers le cœur.
On reconnaît une maladie veineuse à l’apparition de sensation de lourdeur dans les jambes, de gonflement des jambes ou le développement d’œdèmes ou de varices dans les cas plus graves.
Pourquoi dit-on qu’un coup de chaleur est un facteur aggravant de l’insuffisance veineuse ?
C. M. : L’effet de la chaleur entraîne une vaso-dilatation des veines, qui renforce le phénomène inflammatoire et augmente in fine le risque d’obstruction des valvules. C’est pourquoi, en été, nous sommes plus susceptibles de développer une maladie veineuse.
Pour s’en prévenir, il est par exemple recommandé de rafraîchir ses jambes avec de l’eau ou encore de pratiquer une activité physique afin de fluidifier la circulation sanguine.
La maladie veineuse touche-t-elle d’autres parties du corps ?
C. M. : Bien qu’elles puissent aussi toucher d’autres parties du corps, la maladie veineuse touchent principalement les jambes, ou en tout cas les parties inférieures du corps.
Ceci s’explique notamment par la position debout. Le sang, qui doit lutter contre la pesanteur, peine à remontrer jusqu’au cœur, c’est pourquoi il finit par « stagner » dans les veines des membres inférieurs. En période estivale, il est donc particulièrement important de marcher pour faire circuler le sang.
Que faire face à l’apparition des premiers symptômes ?
C. M. : L’apparition des premiers symptômes, comme les jambes lourdes ou douloureuses, est déjà un signal tardif de la maladie. Il est recommandé d’aller consulter directement un médecin généraliste, ou un spécialiste (angiologue ou phlébologue) pour tester le reflux veineux et étudier les options de traitements. D’autant plus durant l’été, le phénomène pouvant s’aggraver sous l’effet de la chaleur !
Le saviez-vous ?
La maladie veineuse rassemble l’ensemble des problèmes liés aux veines. On définit 6 stades, selon les signes cliniques visibles1 :
Quels sont les risques de complication d’une mauvaise circulation sanguine ?
C. M. : Bien souvent, les maladies veineuses sont prises en charge tardivement, à l’apparition des symptômes. Or, elles ne sont pas à négliger, car elles peuvent entraîner des complications plus graves sur le long terme.
En effet, sans traitement, la « stase », c’est-à-dire la stagnation du sang dans les membres inférieurs, peut entrainer un phénomène d’auto-aggravation du dysfonctionnement des valvules. Sur le long terme, cette situation peut occasionner la formation d’un caillot sanguin, et faire évoluer la maladie en thrombose veineuse (phlébite) ou en embolie pulmonaire pour les cas plus graves.
« Au-delà des complications purement veineuses, une mauvaise circulation sanguine peut également augmenter le risque de développer une maladie cardiovasculaire. En effet, les patients se trouvant aux premiers stades de la maladie veineuse chronique (MVC) présentent 13 à 14 % de risque de maladies cardiovasculaires sur 10 ans et 5 % de risque de mortalité toutes causes confondues sur 8 ans.2;3 En outre, bien souvent, les maladies chroniques veineuse et vasculaire coexistent, ce qui peut être important pour comprendre leur physiopathologie et pour déterminer la meilleure stratégie de traitement. »
Dr. Weiwei Li-Bertheau, Global Medical Lead, Servier
Chiffres clé
50 000 – 100 000
Chaque année, entre 50 000 et 100 000 personnes sont diagnostiquées d’une phlébite en France.4
[1] Medipedia (https://medipedia.be/fr/insuffisance-veineuse/symptomes/les-differents-stades-de-linsuffisance-veineuse)
[2] Vuylsteke ME, et al. Angiology. 2018;69(9):779‒785 (https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29482348/)
[3] Salim S, et al. Global Ann Surg. 2021;274(6):971‒976 (https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33214466/)
[4] Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Thrombose veineuse (phlébite) (https://www.inserm.fr/dossier/thrombose-veineuse-phlebite/)
[5] Management of chronic venous disorders of the lower limbs. Guidelines According to Scientific Evidence. Part I – International Angiology 2018 June;37(3):181-254 – Minerva Medica – Journals (https://www.minervamedica.it/en/journals/international-angiology/article.php?cod=R34Y2018N03A0181
[6] Cleveland clinic (https://my.clevelandclinic.org/health/diseases/16872-chronic-venous-insufficiency-cvi)