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Interview : Ces femmes qui façonnent l’oncologie de demain

Véronique Blanc : « Initialement, j’étais passionnée par la biologie végétale. J’ai donc entrepris des études de biologie à l’université puis intégré AgroParisTech pour devenir ingénieure agronome. C’est pendant un stage en laboratoire sur la production d’antibiotiques qu’est née mon envie de travailler dans la santé. J’ai adoré étudier les micro-organismes, me plonger dans le fonctionnement des cellules et du vivant. Tout ce que j’avais appris devenait enfin concret, avec une application pour les patients. Mais surtout, je me suis prise de passion pour la dynamique spécifique de la recherche scientifique : comprendre, apprendre, identifier de nouveaux mécanismes, relever de nouveaux défis, …Quant à l’oncologie, j’ai rejoint ce domaine en 2003 et depuis, ma passion pour la recherche de nouvelles solutions thérapeutiques n’a jamais cessé ! »

Ibtissam Marchiq : « Depuis les bancs de Polytech-Nice Sophia-Antipolis jusqu’à aujourd’hui, mon parcours a été guidé par une passion grandissante pour la recherche. Mon engagement et ma vocation sont intrinsèquement liés à mon histoire personnelle. Le cancer a lourdement frappé ma famille, emportant avec lui beaucoup de vies. Adolescente, je rêvais d’être médecin, convaincue que c’était la seule manière de combattre cette maladie. J’ai grandi au Maroc, et à l’époque, on parlait peu de la recherche scientifique. Pourtant, ma curiosité pour la science n’a cessé de grandir, nourrie par l’envie de comprendre les causes rationnelles du cancer et ses mécanismes biologiques. La recherche s’est imposée à moi comme une évidence, un domaine qui m’émerveille chaque jour par ses défis et ses possibilités infinies. »

VB : « Je partage totalement ce sentiment d’émerveillement. En particulier dans les étapes de recherche : on évolue dans un environnement où différentes expertises sont constamment croisées, ouvrant la voie à de nouvelles découvertes. C’est incroyablement stimulant. »

Apporter des solutions thérapeutiques aux patients atteints de cancers rares

Servier est aujourd’hui un acteur incontournable de la médecine de précision au service de patients atteints de cancers rares : certains cancers hématologiques, gastro-intestinaux et du cerveau. Près de 70% de notre budget R&D est consacré à l’oncologie1.

Nous développons des approches thérapeutiques prometteuses et complémentaires comme les thérapies ciblées et l’immuno-oncologie

VB : « J’ai rejoint Servier pour y constituer l’équipe d’immuno-oncologie il y a 8 ans, après 27 ans passés dans d’autres laboratoires pharmaceutiques dans la drug-discovery. Je suis aujourd’hui responsable du programme de recherche Immuno-Oncologie. Je contribue à la construction et à la mise en œuvre de la stratégie oncologie du Groupe. Très concrètement, j’apporte un soutien à la fois scientifique et fonctionnel à mes équipes. Je fais également en sorte de créer une cohésion et une dynamique au sein de l’équipe pour assurer la progression des projets et la montée en compétences continue. C’est absolument essentiel car notre domaine de recherche évolue très vite et est très compétitif et ce sont les partages croisés qui permettent à chacun d’aller plus loin dans ses recherches. J’assure également la connexion aux différentes équipes qui contribuent à la recherche en oncologie afin de créer une dynamique commune. »

IM : « Je suis arrivée il y a 9 ans, dans le cadre de mon post-doctorat. Aujourd’hui, j’occupe le poste d’Asset Leader en oncologie. Mon rôle consiste à affiner la stratégie et la vision des projets en développement clinique, en veillant à ce que nos objectifs soient clairs afin de délivrer un médicament qui répondra au mieux aux besoins des patients. Ce poste requiert un large éventail de compétences, alliant expertise scientifique et qualités humaines. Il faut une curiosité constante pour explorer des approches thérapeutiques innovantes et intégrer des avancées comme l’intelligence artificielle dans la prise de décision, une grande capacité d’adaptation pour anticiper et gérer les imprévus quotidiens, ainsi qu’une aptitude à transmettre les savoirs. En tant qu’Asset Leader, il est également crucial de faire preuve de « leadership collaboratif », en alignant des équipes pluridisciplinaires autour d’une vision commune. Comme l’a souligné Véronique, c’est cette dynamique collaborative et cette synergie entre les équipes qui permettront de transformer l’innovation scientifique en avancées thérapeutiques concrètes pour les patients.»

Témoignage

« Dans nos métiers, les soft skills jouent un rôle clé, au même titre que les compétences scientifiques. Il faut bien sûr se tenir informée des dernières avancées scientifiques, mais aussi créer une synergie au sein de l’équipe et avoir une vraie appétence pour l’exploration de nouveaux modes de travail et l’intégration de technologies novatrices comme l’intelligence artificielle. »

Ibtissam Marchiq


VB : « Deux personnes m’ont beaucoup marquée au cours de ma carrière. L’un est l’ancien Directeur de recherche d’un laboratoire dans lequel j’ai précédemment travaillé. Il a su faire un choix visionnaire en poussant le groupe à se lancer dans la thérapie génique. Il m’a appris qu’un bon leader doit savoir faire des choix et porter haut ses convictions. Un de mes anciens responsables au sein de ce même laboratoire m’a également beaucoup inspirée par les collaborations stratégiques qu’il a insufflées avec des biotechs pour renforcer l’expertise de ce groupe dans les conjugués anticorps-médicaments. Mais au-delà de ces deux figures, les personnes qui m’inspirent sont celles qui m’entourent au quotidien, notamment mes équipes. Je me nourris de leurs façons de penser et de travailler qui peuvent être différentes des miennes. C’est d’ailleurs ce qui rend le management d’équipes de recherche aussi passionnant. »

IM : « Je suis totalement d’accord. Quand on évoque des modèles ou des mentors, on a souvent tendance à penser à des Prix Nobel. Pourtant les personnes qui nous inspirent le plus sont souvent celles qui nous entourent au quotidien. De mon côté, mon mentor “scientifique” est encore aujourd’hui mon directeur de thèse.
Et sur une note plus personnelle, Véronique, tu peux être fière d’avoir inspiré toute une génération de femmes qui travaillent dans la science et la recherche médicale. Faire partie de ton équipe a été une expérience particulièrement marquante, car nous avons notamment pu évoquer ensemble des sujets comme la mixité et la place des femmes dans l’industrie pharmaceutique. »

VB : « C’est vrai qu’au début de ma carrière, il y avait encore très peu de femmes en position de leadership. Mais l’une de mes anciennes responsables américaines m’a profondément marquée. D’abord par la posture qu’elle parvenait à adopter. Il faut bien avoir en tête que faire valoir son droit à prendre sa place, c’est un défi quotidien pour les femmes, peut-être encore plus à cette époque. Elle a été la première personne avec laquelle j’ai pu discuter de la posture à adopter en tant que femme dans l’industrie pharmaceutique. Elle m’a permis de prendre conscience que certaines difficultés que je pensais personnelles pouvaient en fait également être liées à des biais systémiques qui poussent les femmes à se sous-estimer et à se dévaloriser. Cette prise de conscience a transformé mon parcours. Aujourd’hui, je parle ouvertement de ces sujets car je veux moi aussi libérer la parole des femmes et leur éviter les obstacles que j’ai rencontrés pendant ma carrière. »

IM : « Au début de ma carrière, je voyais surtout des modèles masculins. Heureusement, les choses évoluent et de nouvelles figures féminines émergent dans l’industrie pharmaceutique depuis quelques années. Certaines d’entre elles n’hésitent pas à prendre la parole sur les sujets de diversité et d’égalité femmes-hommes. Je pense notamment à Emma Walmsley, la PDG de GSK, qui se bat véritablement pour la place des femmes dans l’industrie. »

Témoignage

« Aujourd’hui, je parle ouvertement des sujets d’égalité car je veux libérer la parole des femmes et leur éviter d’avoir à surmonter les mêmes obstacles que ceux que j’ai rencontrés. Pour pouvoir prendre la place qu’elles méritent et permettre à l’entreprise de relever ses défis, il est important qu’elles prennent conscience des biais systémiques qui influencent leur carrière. Mais surtout qu’ensemble, femmes et hommes reconnaissent et combattent ces biais. »

Véronique Blanc

VB : « Ils ont un rôle essentiel à jouer. L’un de mes managers, un homme, m’a un jour dit ‘’Véronique, ton salaire est considérablement inférieur à celui des hommes qui occupent des postes similaires, ça n’est pas normal’. A côté du sentiment profond de dévalorisation, ces propos ont éveillé une véritable prise de conscience chez moi et ont été, en un sens, libérateurs. »

IM : « Certains hommes craignent une inversion des rôles à force de militer en faveur de plus d’égalité femmes-hommes. Il faut leur expliquer que cette crainte n’est pas fondée et que la mixité est aussi source de performance. Comme je l’ai dit tout à l’heure, c’est la diversité des profils et la pluralité des approches qui sont les clés du succès en recherche. »

VB : « Premièrement : n’hésitez pas à vous lancer ! Les carrières scientifiques sont passionnantes et offrent de très nombreuses possibilités. Ensuite, n’ayez pas peur de vous exprimer et d’alerter sur les situations qui vous semblent injustes. Le mouvement « #MeToo » a révolutionné le droit à la parole, il est essentiel d’entretenir cette libération et de capitaliser dessus. Enfin, plus particulièrement pour les jeunes femmes, soyez attentive à votre salaire dès votre premier poste, renseignez-vous, comparez aux moyennes de postes équivalents…. C’est une démarche tout à fait normale et légitime que trop peu de femmes osent faire. »

IM : « En effet, aujourd’hui nous avons la chance de pouvoir aborder les sujets d’égalité très ouvertement. A l’échelle de Servier par exemple, un réseau mixité a été créé et certains membres du COMEX se sont clairement positionnés en tant que porte-parole de cette cause. Près de la moitié des managers du groupe et des membres de la leadership team de la R&D sont désormais des femmes, ce qui témoigne des changements de mentalité qui s’opèrent petit à petit. Il est capital de préserver et de renforcer cette dynamique. Concernant la recherche, il faut oser prendre des risques et ne pas craindre l’échec, car chaque obstacle est une opportunité d’apprendre et d’avancer. La réussite en science repose sur une combinaison de passion, de curiosité et surtout de résilience. C’est en persévérant face aux défis que naissent les grandes découvertes. »

Des réseaux dédiés à la diversité et à la promotion de l’égalité femmes-hommes en France et à l’international

La plupart des sites de Servier en France et à l’étranger ont déployé des réseaux visant à « Oser » et « combattre les discriminations et comprendre les inégalités ». Ils proposent régulièrement à leurs membres des activités et évènements comme des conférences, des ateliers pratiques, du networking interne ou encore du mentorat. L’objectif du Groupe en matière de parité est ambitieux : atteindre au moins 40% de femmes dans les postes de top management d’ici à 2030.


[1]  https://servier.com/nos-aires-therapeutiques/cancers-oncologie/