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6 choses à savoir sur l’autorisation de mise sur le marché (AMM) d’un médicament

L’autorisation de mise sur le marché (AMM) d’un médicament est l’autorisation de commercialisation d’un médicament après l’évaluation de son rapport bénéfice/risque par les autorités de santé compétentes.

Dès lors qu’un laboratoire pharmaceutique souhaite commercialiser un médicament, il doit déposer une demande d’autorisation de mise sur le marché auprès des autorités de santé compétentes du pays ou de la région ciblés. Cette demande repose sur un dossier d’évaluation établi à partir des données de qualité pharmaceutiques, précliniques et cliniques issues des phases de développement. 

L’AMM atteste que le rapport bénéfice/risque est positif dans l’indication revendiquée. Les autorités de santé qui autorisent les médicaments en délivrant des AMM (qu’elles peuvent aussi suspendre ou retirer) sont dotées de pouvoirs de contrôle et de surveillance en matière de produits de santé.

Le saviez-vous ?

Une AMM conditionnelle peut être octroyée sous conditions, pour une durée limitée, sur des données d’évaluation encore incomplètes. Elle est accordée si le rapport bénéfice/risque est positif et en l’absence de médicaments équivalents.

L’évaluation des dossiers de demande d’AMM soumis par un laboratoire pharmaceutique est réalisée par les autorités de santé du pays ou de la région concernés : la Food and Drug Administration (FDA) aux États-Unis, l’Agence européenne des médicaments (EMA) en Europe, l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé (ANSM) en France…

Ensemble, elles ont pour mission principale d’évaluer la qualité, les bénéfices et les risques des médicaments, de garantir leur sécurité tout au long de leur cycle de vie, de surveiller leurs effets indésirables.

Les requis des dossiers d’AMM sont harmonisés (e.g., lignes directrices internationales de International Council for Harmonisation – ICH), cependant certains pays peuvent avoir des exigences nationales spécifiques (comme des données sur les facteurs ethniques, lignes directrices nationales sur les requis en termes de développement).

Ainsi, quelle que soit la procédure d’enregistrement (nationale, régionale) pour obtenir une AMM, l’entreprise pharmaceutique doit présenter un dossier détaillé devant regrouper :

  • Une partie qualité : les données portant sur la qualité chimique, biologique ou microbiologique du médicament, les procédés de fabrication (production des matières premières, fabrication industrielle du médicament, procédures de contrôle…) ;
  • Une partie sécurité : les données de pharmacologie, de toxicologie et de pharmacocinétique issues des études précliniques et cliniques ;
  • Une partie efficacité : l’ensemble des résultats des études menés chez l’Homme qui permettent de définir les conditions exactes d’utilisation du médicament et d’établir son rapport bénéfice/risque
A savoir

Dans le cas des médicaments génériques, des études de bioéquivalence1  avec le médicament d’origine doivent être présentées.

La délivrance d’une AMM est fondée sur l’examen de la balance bénéfice/risque du médicament dans l’indication revendiquée, et plus précisément sur l’examen de :

  • la qualité pharmaceutique du médicament : composition, stabilité, stérilité, reproductibilité à grande échelle… ;
  • la sécurité d’emploi : les effets indésirables prévisibles liés à son utilisation ainsi que leur fréquence, les précautions d’emploi… ;
  • la démonstration de son efficacité pharmacologique au regard : des indications visées (la ou les maladie(s) ciblées par le médicament), du profil des patients auxquels il est destiné, de la posologie recommandée (dose, durée de traitement).

Entre 1 et 3 ans

Si le médicament s’avère efficace et sûr, il faut compter entre 1 et 3 ans en fonction des pays entre le dépôt du dossier d’enregistrement auprès des autorités de santé et l’obtention de l’autorisation de mise sur le marché (AMM).

Des mesures systématiques encadrent le bon usage du médicament dès sa mise sur le marché. Au moment de l’obtention de l’AMM, les autorités de santé doivent préciser les conditions particulières d’utilisation applicables au médicament : 

  • les informations contenues dans les caractéristiques du produit pour les professionnels de santé ou dans la notice pour le patient ;
  • son conditionnement (étiquetage) ;
  • les conditions de prescription et de délivrance.
A savoir

Les AMM sont délivrées pour une durée initiale limitée. Elles peuvent par la suite, selon les réglementations applicables, être renouvelées sans limitation de durée, sauf si les autorités sanitaires décident de les réévaluer, notamment pour des raisons relatives à la pharmacovigilance.

L’AMM d’un médicament peut faire l’objet de modifications, imposées par les autorités de santé (par exemple, ajout d’un nouvel effet indésirable, précaution d’emploi), ou à l’initiative du laboratoire pharmaceutique (par exemple, ajout d’un nouvel effet indésirable, précaution d’emploi, nouvelle indication, nouveau dosage, changement dans le processus de fabrication, etc.). Ces modifications impactant le dossier sur la base duquel l’AMM a été délivrée sont effectuées après soumission d’un dossier de variation qui sera évalué par les autorités de santé.

Enfin, le rapport périodique actualisé de pharmacovigilance (Periodic Benefit-Risk Evaluation Report – PBRER) permet un suivi de la sécurité du médicament. Le rapport est produit à des dates prédéfinies par les autorités de santé compétentes, après l’autorisation de mise sur le marché du médicament en question.

Accès précoce : le cas des médicaments pouvant être prescrits exceptionnellement sans AMM 

Un médicament n’est usuellement prescrit qu’après délivrance de l’AMM par les autorités de santé sur la base d’un rapport bénéfice/risque positif. Mais pour certaines pathologies rares, graves ou invalidantes, les patients en impasse thérapeutique peuvent exceptionnellement bénéficier de traitements innovants ne disposant pas encore d’AMM, dans une indication thérapeutique précise. Les autorités de santé autorisent dans ce cas, à titre temporaire et dérogatoire, ce qu’on appelle un accès précoce à un médicament.


[1] La bioéquivalence entre le médicament princeps et le médicament générique signifie que la quantité de principe actif disponible (atteignant la circulation sanguine) et la vitesse à laquelle celui-ci atteint la circulation sanguine sont identiques (Source : Ministère de la Santé et de la Prévention en France).