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Anticorps thérapeutiques, une innovation au cœur de la médecine de précision

Les anticorps sont de grosses molécules produites par le système immunitaire en cas d’agression biologique (champignon, virus, bactérie, cellule étrangère, …), en particulier par les lymphocytes B et par les plasmocytes. On estime que le corps humain a la capacité de produire jusqu’à un quintillion – soit un million de trillions – d’anticorps uniques4.

Les anticorps peuvent également être produits en laboratoire à partir de cellules vivantes. Ils appartiennent donc à la catégorie des biomédicaments. Tout comme les anticorps naturellement produits par le corps humain, ils ciblent spécifiquement des agents pathologiques ou mécanismes biologiques impliqués dans l’évolution d’une maladie.

Le saviez-vous ?

L’immunothérapie est une discipline qui mobilise et stimule le système immunitaire d’un patient pour l’aider à combattre sa pathologie. Les anticorps thérapeutiques en sont l’un des piliers.


Il existe différents types d’anticorps thérapeutiques :

  • Les anticorps monoclonaux (ou monospécifiques) : incontournables dans le traitement des cancers, des maladies auto-immunes et des maladies infectieuses, les anticorps monoclonaux présentent une capacité à se lier à l’antigène cible d’une façon très spécifique. Ce faisant, ils neutralisent l’action de la cible – par exemple, en bloquant la fonction d’une protéine qui favorise l’inflammation ou d’une protéine qui aide les cellules cancéreuses à survivre.
  • Les anticorps bispécifiques : conçus de façon à ce que chacun de leurs deux “bras” puisse se fixer à un antigène distinct. Cette particularité leur confère plusieurs avantages. Contrairement aux anticorps monospécifiques, qui ne ciblent qu’un seul antigène, ces molécules peuvent interagir simultanément avec deux antigènes présents à la surface des cellules à éliminer. En ciblant deux antigènes ou épitopes, ces traitements peuvent induire des réponses physiologiques ou anti-tumorales multiples et synergétiques. Chez Servier, nous recourons à cette technologie principalement pour le développement de traitements en oncologie.
  • Les conjugués anticorps-médicament (ADC) : composés d’un anticorps monoclonal (mAb) attaché à un principe actif via un agent de liaison, ou « linker ». L’anticorps se lie à la surface des cellules ciblées, permettant au principe actif conjugué de pénétrer dans la cellule et de libérer la molécule active directement à l’intérieur. Bien que la majorité des ADC approuvés et ceux en développement ciblent divers types de cancer, ces thérapies complexes montrent un potentiel considérable pour traiter d’autres maladies.
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Exemples de mécanismes d’action des anticorps thérapeutiques en oncologie (figure images courtesy of Pavlos Englezou)

Anticorps thérapeutiques : une arme ciblée contre les tumeurs

Si les cellules cancéreuses sont en mesure de proliférer, c’est parce qu’elles expriment à leur surface des protéines « protectrices » qui empêchent le système immunitaire de les reconnaître. Pour lutter contre un cancer, les anticorps thérapeutiques bloquent ces protéines protectrices et ne ciblent donc pas directement la tumeur. Ils vont renforcer l’action des cellules immunitaires chargées d’identifier et de détruire les cellules tumorales.

Les anticorps thérapeutiques occupent une place centrale dans le développement de la médecine de précision. Leurs propriétés uniques leur permettent ainsi d’être complémentaires à d’autres thérapies ciblées comme les petites molécules ou encore les thérapies à ARN comme les thérapies à oligonucléotides antisens (ASO). Leur potentiel thérapeutique repose sur un certain nombre d’atouts majeurs :

  • Une fixation stable et une action prolongée : une fois liés à leur cible, les anticorps thérapeutiques sont normalement fixés de manière forte et stable. Corrélé à leur longue demi-vie, cela leur confère une efficacité prolongée allant de plusieurs semaines à plusieurs mois. Cela permet d’espacer les injections, améliorant alors considérablement la qualité de vie des patients et facilitant l’adhésion thérapeutique.
  • Une grande versatilité, permettant d’optimiser leur efficacité et d’accroître leur tolérance par les patients en développant un traitement parfaitement adapté à leurs particularités biologiques et à leurs besoins (volume d’injection, fréquence d’administration, …).
  • Une haute sélectivité leur permettant de cibler spécifiquement certaines cellules ou protéines pathologiques. Les tissus sains sont ainsi épargnés, limitant les effets secondaires que peuvent présenter d’autres traitements à spectre large comme les chimiothérapies. Cette sélectivité limite également leurs interactions avec d’autres médicaments, un atout indéniable pour les patients polymédiqués.

Pour faire bénéficier les patients du plein potentiel des anticorps thérapeutiques, l’industrie pharmaceutique doit cependant encore relever un certain nombre de défis.

Tout d’abord, en tant que biomédicaments, la production des anticorps thérapeutiques repose sur des procédés complexes fondés sur des systèmes cellulaires vivants.

Ensuite, leur administration peut susciter une réponse immunitaire « anti-médicament » de la part de l’organisme envers les anticorps, entraînant alors une perte d’efficacité et d’éventuels effets indésirables. Chez Servier, nous essayons de surmonter ce problème en développant des anticorps thérapeutiques entièrement humains ou en « humanisant » des anticorps non humains, une technologie qui les rend plus semblables aux anticorps naturellement produits par l’être humain, ce qui réduit considérablement le risque de telles réponses immunitaires.

Certains conjugués anticorps-médicaments présentent également des toxicités spécifiques, notamment pulmonaires, oculaires ou cutanées. Leur utilisation nécessite alors une étroite surveillance et la mise en place de stratégies d’atténuation. Leur toxicité intrinsèque implique également un plafonnement des doses administrables, réduisant alors potentiellement l’efficacité de la thérapie.

Enfin, les anticorps thérapeutiques ne peuvent pas être administrés par voie orale, contrairement à d’autres types de thérapies ciblées. Dans le cas de traitements longue-durée, cette injection peut être un frein à l’adhésion thérapeutique des patients.

Et Servier ?

Ces dernières années, Servier a considérablement renforcé son expertise en matière d’anticorps thérapeutiques. En 2020, nous avons fait l’acquisition de Symphogen, une licorne danoise des biotechnologies devenue notre centre d’excellence en matière d’anticorps dans différentes aires thérapeutiques comme l’oncologie. Fin 2024, nous avons par ailleurs inauguré Bio-S, notre première unité de production de biomédicaments. Nous menons aujourd’hui plusieurs études cliniques dans l’optique de proposer des thérapies à anticorps innovantes aux patients dans les années à venir.


[1] Lyu X, Zhao Q, Hui J, Wang T, Lin M, Wang K, Zhang J, Shentu J, Dalby PA, Zhang H, Liu B. The global landscape of approved antibody therapies – https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC9535261/#:~:text=The%20Umabs%2DDB%20shows%20that,not%20included%20in%20our%20statistics.
[2] Designing antibodies as therapeutics – Paul J.Carter Arvind Rajpal – https://www.cell.com/cell/fulltext/S0092-8674(22)00699-7?_returnURL=https%3A%2F%2Flinkinghub.elsevier.com%2Fretrieve%2Fpii%2FS0092867422006997%3Fshowall%3Dtrue – page consultée le 20.03.25
[3] Mythili Shastry et al. Rise of Antibody-Drug Conjugates: The Present and Future – https://ascopubs.org/doi/10.1200/EDBK_390094
[4] Decoding the variety of human antibodies – National Institute of Health – https://www.nih.gov/news-events/nih-research-matters/decoding-variety-human-antibodies#:~:text=Based%20on%20their%20findings%2C%20they,one%20million%20trillion%2C%20unique%20antibodies. – page consultée le 20.03.25

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