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Contrefaçon de médicaments, un fléau mondial qui prend de l’ampleur avec le COVID-19

Le dernier rapport de l’Office de l’Union Européenne pour la Propriété Intellectuelle (EUIPO) et de l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE) pointe les dangers des médicaments contrefaits pour les patients ainsi que les défis que pose ce type de commerce illicite aux gouvernements et aux entreprises de santé. Un fléau accentué par la crise sanitaire actuelle du COVID-19 : inquiétudes des populations face à ce nouveau danger inconnu, absence de traitements et de vaccins approuvés à ce jour, prolifération de faux produits ou médicaments potentiellement dangereux…

Engagé depuis de nombreuses années dans la lutte contre les faux médicaments, Servier est plus que jamais mobilisé à l’occasion de la Journée Mondiale Anti-Contrefaçon. Lancée ce 10 juin en partenariat avec Ipsen, Sanofi et l’association Youth Internet Governance Forum, la campagne mondiale We rely on you, we rely on youth destinée à sensibiliser les jeunes sur les dangers des médicaments falsifiés, en est une nouvelle illustration. Entretien avec Catherine Boudot, Directeur Marques et Lutte contre la Falsification chez Servier.

Photo de Catherine Boudot

Quels sont les produits pharmaceutiques les plus contrefaits aujourd’hui ?

Catherine Boudot : Tous les produits pharmaceutiques sont susceptibles d’être contrefaits quelle que soit l’aire thérapeutique. Sur la période 2014-16, les antibiotiques, les analgésiques ou les médicaments dits de confort figurent parmi les produits les plus saisis par les autorités douanières mais les saisies portent également sur des contrefaçons de traitements contre le paludisme, le VIH, le diabète, le cancer et les maladies cardiaques. Actuellement, la contrefaçon connaît une recrudescence avec le contexte inédit de crise sanitaire lié à la pandémie du COVID-19. Les contrefacteurs n’ont pas perdu de temps pour exploiter les peurs de chacun. Les offres de supposés traitements, tests ou dispositifs médicaux en lien avec le nouveau coronavirus prolifèrent sur Internet et les réseaux sociaux. Ces marchés illicites sont tellement lucratifs pour les criminels qu’ils sont prêts à mettre en œuvre toutes les pratiques pour les faire prospérer.

Quels sont les dangers de la contrefaçon de médicaments ?

C. B. : Elle représente une véritable menace de santé publique et un risque sanitaire pour les patients, qui ne savent pas reconnaître un médicament contrefait et qui, le plus souvent, n’imaginent pas que ce risque existe. Dans la plupart des cas, les médicaments falsifiés ne produisent aucun effet (absence de principe actif), contiennent de mauvais dosages, des substances toxiques ou des impuretés qui mettent en danger la vie du patient. Ils peuvent entraîner des effets indésirables majeurs et des complications au niveau individuel mais aussi collectif, avec l’apparition de résistances. Selon la London School of Hygiene and Tropical Medicine, 116 000 décès supplémentaires dus au paludisme pourraient être imputables chaque année à des médicaments antipaludiques de qualité inférieure ou falsifiés en Afrique subsaharienne.

Au-delà, l’étude conjointe EUIPO/OCDE pointe le préjudice économique causé par ce commerce illicite à l’industrie pharmaceutique ainsi qu’à sa réputation. Ce rapport estime la valeur totale des produits pharmaceutiques de contrefaçon commercialisés dans le monde à 4,03 milliards d’euros* ! Sans compter les coûts du traitement des patients générés par les effets néfastes de la prise de médicaments contrefaits, la pollution environnementale due à leur fabrication sauvage sans aucun respect des normes et les coûts sociaux (plus de 80 000 emplois directement concernés sur le seul territoire de l’Union Européenne).

Quels sont les défis à relever ?

C. B. : Tous les pays sont potentiellement impactés par la pénétration de médicaments contrefaits dans la chaîne licite de distribution et plus encore bien sûr, les pays dans lesquels les circuits de distribution informelle sont plus répandus. Sur internet, tous les pays sont confrontés au développement croissant de pharmacies en ligne illicites, qui proposent des contrefaçons encore plus difficiles à détecter par envoi postal. Les gouvernements et les industriels collaborent étroitement pour lutter contre la mise sur le marché de ces faux médicaments. En témoignent les mesures législatives prises et les initiatives menées pour s’attaquer au problème, notamment les programmes de lutte contre la criminalité déployés par INTERPOL, EUROPOL et l’OMS.

Quelles sont les actions menées par Servier pour lutter contre les médicaments falsifiés, en particulier depuis la pandémie du COVID-19 ?

C. B. : Nous déployons depuis plus de 15 ans une politique anti-contrefaçon active pour mieux détecter, prévenir et apporter des réponses à cette menace. Depuis la circulation de fausses promesses pour traiter, se protéger et guérir du COVID-19, nous avons mis en place une action de monitoring sur l’un de nos produits et n’avons pour l’instant pas détecté d’offres illicites. Dans le cadre de l’accord de partenariat signé en janvier 2020 avec l’OCLAESP**, nous nous sommes également mobilisés avec les autres laboratoires du G5 Santé en France pour mettre en place, rapidement, un dispositif de partage d’informations et de surveillance sur les offres illicites de faux traitements ou faux tests diagnostiques sur Internet et les réseaux sociaux. Par ailleurs, Servier est membre de l’IFPMA*** qui a lancé en mars, à travers son mouvement « Fight the Fakes », une campagne de sensibilisation pour alerter sur les risques des faux traitements et vaccins supposés soigner le COVID-19.

Plus largement enfin, à l’occasion de la Journée Mondiale Anti-Contrefaçon, le 10 juin, nous sommes fiers de lancer, en partenariat avec Ipsen, Sanofi et Youth Internet Governance Forum, une campagne mondiale destinée à sensibiliser les jeunes sur les dangers des médicaments contrefaits en vente sur Internet : We rely on you, we rely on youth. Toutes ces coopérations illustrent bien la capacité des acteurs publics/privés (autorités répressives, laboratoires pharmaceutiques, société civile) à s’unir pour faire face aux menaces qui mettent en danger les patients et défient notre industrie. Nous avons tous un rôle à jouer contre le crime pharmaceutique et devons poursuivre nos efforts pour endiguer ce fléau.

* Rapport publié par l’Office de l’Union européenne pour la propriété intellectuelle (EUIPO) et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

** Office Central de Lutte contre les Atteintes à l’Environnement et à la Santé Publique.

*** Fédération Internationale de l’Industrie Pharmaceutique.

We rely on you, we rely on youth alerte les jeunes sur les dangers de la vente en ligne de médicaments contrefaits

À l’occasion de la Journée Mondiale Anti-Contrefaçon, Servier s’est associé à Sanofi, Ipsen et à l’association Youth Internet Governance Forum, via ASOP EU*, pour lancer une nouvelle campagne destinée à sensibiliser les jeunes sur les dangers des médicaments falsifiés vendus sur Internet. Baptisée We rely on you, we rely on youth, cette campagne est déployée du 10 au 25 juin à travers onze pays : Inde, Indonésie, Côte d’Ivoire, Kenya, Liban, Nigeria, Philippines, Pologne, Roumanie, Russie et Ukraine. Dans chaque pays, des ambassadeurs de l’association seront chargés de réunir leur communauté de jeunes, puis d’animer des débats et ateliers online sur les réseaux sociaux afin d’améliorer leur compréhension des risques encourus en achetant de faux médicaments en ligne. Pour nourrir leurs échanges, ils pourront s’appuyer sur plusieurs outils : un quizz, le film de la campagne « Fight the fakes », une infographie sur les DOs & DON’Ts ainsi que des témoignages d’autres jeunes.

* Alliance for Safe Online Pharmacy

Repères

100% des aires thérapeutiques sont concernées par la falsification de médicaments (OMS – 2017).

10% des médicaments fournis dans les pays en développement sont de qualité inférieure ou falsifiés (OMS – 2017).

96% des pharmacies en ligne sont illicites au niveau mondial (LegitScript – janvier 2016).

1,7 milliards d’euros : c’est le coût de la perte de recettes liées à la vente de médicaments contrefaits estimé pour les gouvernements de l’UE*.

Le nombre de personnes achetant des médicaments en ligne aux États-Unis a été multiplié par 4 en moins de 10 ans*.

Entre 2014 et 2016, 96% de l’ensemble des saisies douanières de produits pharmaceutiques de contrefaçon concernaient des envois postaux ou des livraisons par courrier express*.