Aller au contenu
Retourner aux témoignages

Bioproduction : le moment est venu de bâtir une filière d’excellence en France !

Les biomédicaments comptent pour près de 60 % des traitements en développement dans le monde1. Pourtant, en France, nous produisons à peine 10 % de ceux produits en Europe2.
Face à ce constat, je participais le mois dernier à la « matinale des nouveaux acteurs des biothérapies ». En tant que membre fondateur de l’alliance France BioLead, c’était l’occasion d’évoquer avec d’autres acteurs de la filière, biotechs et pouvoirs publics notamment, les grands défis auxquels nous sommes confrontés. Et aujourd’hui plus que jamais, les enjeux de la filière bioproduction en France et plus largement en Europe sont multiples et interconnectés les uns aux autres.

Il faut comprendre qu’aujourd’hui, la filière étant en pleine expansion, il est « logique » qu’il y ait moins d’experts disponibles par rapport aux besoins des entreprises du secteur. Et bien que la France présente des atouts pour attirer les candidats, la bataille pour les talents est résolument mondiale.

Au-delà donc de la constitution de cette filière, qui prendra du temps, notre premier enjeu consiste à répondre à nos besoins imminents, notamment en matière de compétences recherchées. Pour cela, nous avons mis en place plusieurs stratégies.

La première consiste à capitaliser sur les compétences disponibles en internes. Au-delà de leur haut niveau d’expertise et de formation, l’une des particularités qui caractérise les collaborateurs de Servier est leur fidélité et nous sommes convaincus que c’est une force ! C’est pourquoi, nous avons décidé de capitaliser sur leurs connaissances, en proposant à ceux qui le souhaitaient des projets de reconversion ou de formation vers les métiers de la bioproduction. Ainsi, non seulement nous assurons la mise en place d’un cercle vertueux de « formation interne », qui bénéficiera sur le long terme aux autres collaborateurs ou futurs collaborateurs par la transmission des connaissances mais nous contribuons aussi à la dynamique d’offrir des projets de carrière porteurs de sens et en phase avec l’évolution du Groupe. 

Nous pouvons aussi nous appuyer sur le campus digital Immerscio.bio, une plateforme dédiée aux métiers de la bioproduction. Elle nous permet de proposer aux collaborateurs de Servier, mais aussi à toutes les personnes désireuses de se former aux métiers de la bioproduction, une formation en ligne, qui vient compléter l’offre « classique » de formation en institut par exemple.  Une solution hybride qui s’intègre parfaitement avec le quotidien des intéressés, à toutes les étapes de leur carrière.

Ensuite, nous sommes convaincus qu’en contribuant à faire connaître la filière et les métiers qui la composent, nous ferons naître des vocations. Nous nous devons d’endosser un rôle d’ambassadeur auprès des jeunes afin d’attirer les talents de demain à se former aux métiers de la filière. En ce sens, nous travaillons par exemple avec des organismes de formation, comme le bio3, pour développer des parcours attractifs. Cela passe évidemment par des présentations de nos métiers au sein des écoles, la création de parcours sur-mesure, mais aussi par notre soutien à la journée nationale de la bioproduction, qui a été célébrée pour la première fois le 5 juillet de cette année.

Enfin, force est de constater que Servier n’est pas (encore 😊) un acteur reconnu dans ce domaine aujourd’hui et c’est normal ! Pour séduire des candidats, nous devons donc nous distinguer des autres laboratoires engagés dans la production de biomédicaments sur le territoire. Et nous ne manquons pas d’atouts : nous pouvons notamment nous appuyer sur notre gouvernance unique par une fondation, notre Recherche intégrée, nos capacités industrielles et bien sûr les missions porteuses de sens que nous offrons. Ce sont de vrais motifs d’attractivité pour les candidats, qui relèvent d’ailleurs tous le caractère unique de notre entreprise et l’engagement de ses collaborateurs.

Une fois les besoins d’aujourd’hui couverts, nous devons déjà anticiper les besoins à venir. C’est une filière en constante évolution. Nous devons anticiper les compétences qui seront essentielles dans les années à venir, et donc collaborer dès maintenant avec les organismes de formation, afin d’assurer l’adéquation entre les besoins des industriels français et les offres de formation proposées par les organismes de formation supérieure (Supbiotech, Agroparistech, INSA, ESILV, ESTBB, EBI ou encore le Bio3 à Tours).

A noter également que les profils que nous rechercherons dans les années à venir ne sont pas exclusivement biotechnologiques.  Il nous faut anticiper les compétences dont nous aurons besoin sur toute la chaîne de valeur du biomédicament dès aujourd’hui comme dans la maintenance de nos unités de bioproduction et des unités stériles, ou encore des automaticiens.

Les enjeux de recrutements sont évidemment cruciaux au démarrage de l’activité. Néanmoins, ils ne sont pas les seules réponses que nous devons adresser pour bâtir une filière d’excellence. Je vous propose de revenir sur ces autres points la semaine prochaine.

Néanmoins, disposer des bons talents ne résoudra qu’une partie du problème car les enjeux de la filière bioproduction sont multiples et interconnectés les uns aux autres

Il nous faut selon moi également concentrer nos efforts sur deux points.

Le premier concerne les investissements, qui doivent se faire sur l’ensemble de la chaîne de valeur. En effet, si nous souhaitons augmenter le pourcentage de biomédicaments produits en France, nous devons faire le nécessaire pour assurer le développement de A à Z du biomédicament, c’est-à-dire les étapes de développement technique, pharmaceutique et industriel, pour alimenter les essais cliniques puis assurer les lancements commerciaux.

Chez Servier, les produits biologiques représentent près de 50 % de nos projets R&D, dans les domaines de l’oncologie, de la neurologie et des maladies auto-immunes.

L’investissements dans des infrastructures modernes était donc indispensable pour nous permettre de mettre en action nos choix stratégiques. De notre côté, nous avons fait le choix d’une chaîne de valeur de R&D européenne pour nos activités de bioproduction. Nous disposons donc d’un centre dédié à la découverte et au développement de biomédicaments au Danemark, ainsi que d’une unité de production de biomédicament, BioS, en France sur notre site de Gidy. Cette unité, fruit d’un investissement de près de 85 millions d’euros, et que nous avons inaugurée en novembre 2024 est destinée à la fabrication des médicaments expérimentaux biologiques et stériles du groupe. À ces investissements, s’ajoutent à cela des investissements de plus de 40 millions d’euros pour l’extension de notre bâtiment de R&D, qui permettra de co-localiser sur le site de Gidy l’ensemble de nos activités de développement pharmaceutique, de bioproduction et de fabrication de lots cliniques.

Nos ambitions dans la production de biomédicament sont évidemment en adéquation avec notre capacité d’acteur de taille moyenne : tout l’enjeu pour nous est d’atteindre la taille critique pour soutenir notre portefeuille de projets de R&D, riche d’une soixantaine de produits au total, soit une trentaine de biothérapies.

Ensuite, et pas des moindres, il nous faut absolument soutenir et renforcer le tissu industriel pour offrir aux start-ups de ce domaine un environnement propice à l’innovation et aux partenariats.

On l’oublie parfois, mais le développement d’une filière passe aussi par la création de l’écosystème d’innovation qui l’accompagne. Celui-ci implique des soutiens financiers (capital risk ou fonds d’investissement), des opportunités de partenariats publics-privés, et une réglementation qui encourage les initiatives et la prise de risque.

L’émergence de start-ups et d’entreprises spécialisées est un signal positif et fort de valorisation de la filière. Elles permettront aussi de couvrir les besoins que nous ne pourrons pas forcément couvrir. Et en tant qu’acteur « mid-size », donc focalisé, nous avons absolument besoin de nous appuyer sur leurs expertises, ainsi que sur des collaborations académiques, pour générer de nouveaux projets thérapeutiques innovants, mais aussi pour développer des procédés de fabrications plus robustes et plus efficients dont nous ne maîtrisons parfois pas l’expertise de bout en bout.

Notre contribution à l’écosystème se traduit alors aussi par notre adhésion aux différentes structures qui visent à renforcer la filière, en particulier PolePharma et Medicen. Nous apportons également notre soutien financier à travers le fonds InnoBio2 de Bpifrance, le fonds Kurma3, qui tous deux investissent dans de jeunes entreprises en biotechnologie.

Aujourd’hui, nous sommes parvenus à couvrir les 65 postes créés en bioproduction pour débuter les activités au sein de notre nouveau bâtiment « BioS ». Cela prouve que la mobilisation de tous les acteurs et l’approche holistique que nous avons déployé ensemble pour professionnaliser la filière commencent à porter ses fruits. Ce sont les prémices d’un cercle vertueux où chacun a un rôle à jouer. Car si chacun « irrigue » l’écosystème de sa contribution quelle qu’elle soit, les bases sur lesquelles nous bâtissons la filière n’en seront que plus solides pour assurer son succès !


[1] France 2030 : Point d’étape après deux ans d’actions menées par la stratégie française en « Biothérapie et Bioproduction de Thérapies innovantes » – Presse – Ministère des Finances / https://presse.economie.gouv.fr/france-2030-point-detape-apres-deux-ans-dactions-menees-par-la-strategie-francaise-en-biotherapie-et-bioproduction-de-therapies-innovantes/
[2] La place de la France dans la production de médicaments | Leem / https://www.leem.org/la-place-de-la-france-dans-la-production-de-medicaments