Google Cloud est fier de s’être associé à Servier au cours des cinq dernières années afin de fournir les outils technologiques permettant d’améliorer l’efficacité de la R&D et d’offrir plus rapidement des traitements plus personnalisés aux patients. En associant certains de nos produits et expertises technologiques, notamment l’intelligence artificielle et le calcul de haute performance appuyé par une infrastructure de données, nous avons pu collaborer avec l’équipe dans le but de trouver des traitements contre les cancers, les affections neurologiques et les troubles immuno-inflammatoires rares.
L’équipe d’Insights a eu l’occasion d’interviewer Shweta Maniar, directrice monde, Healthcare & Life Sciences, Google Cloud, au sujet de l’impact des technologies du Cloud et de l’IA sur le développement de médicaments contre les maladies rares.
Insights : Comment les laboratoires pharmaceutiques peuvent-ils rendre plus facile et viable le développement de traitements contre les maladies rares, malgré les coûts et délais de recherche et développement extrêmement élevés ?
Shweta Maniar : Nous avons tous conscience du temps et des investissements financiers nécessaires pour mettre au point des médicaments phares et utiles : des milliards de dollars et 10 à 15 ans consacrés à la recherche, au développement, à la conformité réglementaire et aux essais cliniques sont nécessaires avant la commercialisation d’un médicament. Face aux réalités de ce processus, la recherche et le développement liés aux maladies rares représentent un véritable défi.
En raison du nombre limité de patients, il est souvent difficile pour les laboratoires de rentabiliser leurs investissements consacrés à la recherche et au développement. De plus, la recherche elle-même est complexe, car elle nécessite une compréhension approfondie de la maladie et des approches innovantes pour mener des essais cliniques. Ces derniers peuvent s’avérer difficiles en raison de la taille réduite et de la dispersion géographique des populations de patients.
C’est pour faciliter ce processus que je vois le véritable impact de la technologie du Cloud, en particulier du calcul de haute performance et de l’intelligence artificielle. Si les laboratoires pharmaceutiques peuvent réduire leurs dépenses liées au développement et accélérer leurs délais grâce à la technologie, ils peuvent se permettre, aussi bien en termes de temps que de ressources financières, de se consacrer à des pathologies qui touchent des populations de patients plus limitées. Et plus ils peuvent traiter efficacement un grand nombre de pathologies, plus ils peuvent continuer à investir. Ce cercle vertueux est extrêmement motivant et important pour moi, et c’est en partie la raison pour laquelle nous avons apprécié, chez Google Cloud, collaborer avec Servier au fil des ans.
Pouvez-vous nous citer un exemple ?
S. M. : Bien qu’ensemble, plus de 7 000 maladies rares connues affectent des millions de personnes dans le monde (environ 1 Américain sur 10), près de 95 % d’entre elles ne bénéficient toujours pas d’un traitement autorisé par la FDA. Ce vaste domaine de besoins médicaux non couverts est particulièrement motivant. Il s’agit d’une opportunité pour l’industrie pharmaceutique de se développer et d’étendre les soins prodigués aux patients avec d’importants besoins non satisfaits.
Aujourd’hui, le portefeuille de produits pharmaceutiques compte des milliers de molécules candidates, dont la plupart présentent une faible probabilité de succès. Grâce à l’expérimentation, les chercheurs identifient les plus prometteuses. Au fur et à mesure que les molécules candidates passent chaque stade de développement, les chances de succès des molécules candidates restantes augmentent.
La puissance de traitement limitée a restreint la capacité des scientifiques à simuler les interactions entre des petites molécules et des protéines cibles, pour leur permettre de sélectionner en priorité les meilleures molécules candidates à synthétiser et à tester. La technologie du Cloud offre une évolutivité sans précédent, permettant aux équipes de recherche d’effectuer un plus grand nombre de calculs en un temps beaucoup plus court. À l’aide de Gromacs, un logiciel de simulations de dynamique moléculaire (DM) très optimisé disponible sur Google Cloud, Servier a pu réduire le temps de calcul d’une semaine à deux heures et réduire les coûts de 60 à 90 %.
Une recherche plus efficace permet de soigner un plus grand nombre de maladies, même si elles sont rares. Les infrastructures et les services de la technologie du Cloud nous permettent de passer plus rapidement de l’expérimentation à la production. Les chercheurs peuvent se concentrer sur leurs activités scientifiques car l’éthique, la confidentialité et la sécurité sont intégrées dans la plateforme.
Par exemple, Servier a construit une plateforme dédiée à la R&D sur Google Cloud. Les premiers résultats parlent d’eux-mêmes. Grâce à la puissance des solutions Cloud, l’extraction de données en vie réelle ne prend plus que trois secondes, contre trente heures auparavant. Le traitement des données génomiques, lui, est passé de quatre semaines à seulement quatre jours. Enfin, la puissance des outils Google Cloud permet désormais aux équipes d’analyser en parallèle près de 200 molécules en deux heures à peine. Une transformation radicale qui ouvre de nouvelles perspectives pour la recherche et l’innovation et tout en optimisant largement les coûts liés aux activités de recherche.
Quel rôle joue l’IA pour contribuer à révolutionner la découverte de médicaments et la recherche clinique, en particulier pour les maladies rares ?
S. M. : Nous pouvons utiliser l’IA pour augmenter la probabilité qu’un candidat-médicament soit commercialisé, et ce plus rapidement. Par exemple, à l’instar de ce qui est prévu chez Servier, l’IA et l’apprentissage automatique peuvent trier des millions de données, y compris des propriétés physicochimiques, des activités biologiques et autres, afin d’identifier les molécules les plus prometteuses avant même de réaliser des simulations. L’IA peut également proposer des moyens d’optimiser le design d’essais virtuels qui simulent les réponses des patients aux traitements. Les essais virtuels sont particulièrement importants dans le cadre de la recherche sur les maladies rares, pour lesquelles les populations concernées par les essais cliniques sont limitées.
On peut donc espérer que les laboratoires pharmaceutiques accorderont plus d’attention aux maladies rares ?
S.M. : Il ne fait aucun doute qu’en utilisant des technologies de pointe telles que la technologie du Cloud et l’IA, nous pouvons rendre le traitement des maladies rares viable sur le plan financier. Nous explorons par exemple actuellement des possibilités de collaboration scientifique avec Servier par l’intermédiaire de nos entités de recherche scientifique de pointe telles que Google X et Google DeepMind. Le potentiel est immense, non seulement pour le traitement des maladies rares, mais également pour la médecine de précision. Nous avons vu d’autres secteurs innover afin de répondre à des marchés de niche, et nous avons maintenant la possibilité de faire de même dans le domaine de la santé pour redonner de l’espoir et soigner ceux qui ont jusqu’alors été laissés pour compte.
Biographie Shweta Maniar
Shweta Maniar est à la tête de la stratégie mondiale et du développement du marché pour les sciences de la vie chez Google Cloud. Elle s’appuie sur des solutions technologiques de pointe, dont l’intelligence artificielle générative (GenAI), et sur les synergies entre Alphabet et des solutions sectorielles spécifiques pour renforcer les partenariats et les projets stratégiques.
Dirigeante chevronnée, Shweta possède une solide expérience dans les domaines de la santé numérique, de la pharmacie, des dispositifs médicaux et des biotechnologies. Avant de rejoindre Google, elle a piloté les stratégies de croissance liées aux technologies émergentes pour les thérapies et les diagnostics chez Genentech. Elle a obtenu plusieurs distinctions pour ses contributions, dont deux prix de l’innovation et le prix “MVP”.
En 2023, elle a été reconnue parmi les 100 leaders les plus influents de l’industrie par PharmaVoice. Elle siège actuellement aux conseils d’administration d’Orthofix (NASDAQ : OFIX), spécialisée dans les technologies orthopédiques et rachidiennes, et de RXSight (NASDAQ : RXST), entreprise innovante en ophtalmologie. Elle est également membre du conseil consultatif scientifique de l’Allen Institute for Immunology, un institut de recherche en biosciences dédié à l’exploration des mécanismes fondamentaux de la biologie humaine.