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Garantir la sécurité des patients face aux médicaments falsifiés

CRYSTAL CLEAR?

L’industrie pharmaceutique est confrontée à un défi d’envergure : la falsification croissante des produits pharmaceutiques.

La lutte contre la production et la diffusion de ces produits, inefficaces dans le meilleur des cas, toxiques dans les cas les plus graves, représente un enjeu de santé publique majeur par les risques auxquels ils exposent les patients. Les autorités sanitaires et les acteurs de l’industrie pharmaceutique ont un rôle décisif à jouer pour sécuriser l’ensemble de la chaîne de valeur des médicaments et ainsi empêcher leur falsification

Les produits pharmaceutiques falsifiés prennent différentes formes. Ils peuvent renfermer le bon principe actif à un dosage erroné, un autre principe actif ou même aucun principe actif. Il peut également s’agir de médicaments authentiques ayant été détournés pour être revendus illégalement, après avoir été mal conservés ou avoir dépassé leur date de péremption. Les patients ignorent bien souvent qu’ils se sont procuré un médicament falsifié. Dans d’autres cas, les médicaments falsifiés sont intentionnellement recherchés pour un usage détourné en tant que produit dopant ou psychotrope.

Le marché des produits pharmaceutiques illicites connaît aujourd’hui une très forte accélération. Si la falsification concernait il y a encore quelques années principalement les médicaments de confort – les traitements pour la dysfonction érectile ont longtemps été au premier rang des médicaments falsifiés -, elle touche aujourd’hui tous les types de médicaments et toutes les aires thérapeutiques. Des antipaludiques aux médicaments anticancéreux, traitements contre les maladies chroniques ou encore anxiolytiques, … aucun produit n’est aujourd’hui épargné. Ces faux-médicaments sont à la fois produits et diffusés partout dans le monde.

Cette accélération s’explique par plusieurs facteurs, à commencer par l’explosion du e-commerce ayant entraîné l’apparition de milliers de sites non réglementés. S’ajoute à cela l’émergence d’une culture de l’auto-médication et de l’autodiagnostic dans les pays où l’accès à la consultation médicale est compliqué. Si les patients étaient auparavant réticents à l’idée de consommer des médicaments sans avis médical, certains se laissent séduire par l’acquisition de médicaments sans prescription, notamment en ligne.

En parallèle, on assiste à une professionnalisation du marché des médicaments falsifiés. Les falsificateurs n’hésitent plus à se positionner sur des produits à forte valeur ajoutée et démontrent autant d’agilité que les acteurs de l’industrie pharmaceutique et une réelle capacité d’adaptation aux besoins des patients et aux tendances sociétales. Cette agilité a été particulièrement perceptible au début de la pandémie de covid-19, durant laquelle les falsificateurs ont été rapidement capables de vendre des équipements recherchés comme les masques, les solutions hydroalcooliques ou encore les bombes à oxygène. Pour contrecarrer l’augmentation de ces offres illicites, les parties prenantes du secteur pharmaceutique, en collaboration avec les autorités répressives, ont mis en place les mesures nécessaires. L’usage de plus en plus fréquent de colis postaux pour acheminer les médicaments falsifiés – profitant ainsi de l’explosion du nombre de colis transitant chaque jour – en témoigne également.

Face à l’augmentation du marché des médicaments falsifiés, les autorités répressives et sanitaires et l’industrie pharmaceutique unissent leurs efforts pour démanteler les réseaux criminels afin d’assurer la sécurité des patients. Les laboratoires pharmaceutiques œuvrent également activement au développement de dispositifs innovants permettant d’améliorer la traçabilité des médicaments et protéger les patients, comme l’agrégation de la chaîne d’approvisionnement pharmaceutique, c’est-à-dire un système qui assure le traçage d’un médicament entre tous les niveaux d’emballage. En d’autres termes, avant que la boîte de médicament ne passe à l’étape suivante de la chaîne d’approvisionnement ; les données de suivi sont agrégées dans une base de données, de l’unité (niveau le plus bas), aux packs des paquets, des caisses et des palettes (niveau le plus élevé).

La coopération entre les différents acteurs est cruciale pour contrer la croissance du marché des médicaments illicites.

Chaque acteur remplit ainsi une fonction spécifique, essentielle à la mise en place d’une stratégie globale de lutte. Les laboratoires pharmaceutiques assurent notamment une surveillance à l’échelle mondiale permettant d’identifier les filières criminelles. Ils sont alors en capacité de lancer l’alerte, d’une part auprès de leurs homologues (partenariat privé-privé) et d’autre part auprès des autorités répressives (partenariat public-privé), qui pourront ensuite collaborer entre elles pour démanteler les réseaux criminels et sanctionner les trafiquants (partenariat public-public).

Dans le cadre du G5 santé, le premier partenariat public-privé français a été initié par Servier, en coordination avec l’Office Central de Lutte contre les Atteintes à l’Environnement et à la Santé Publique (OCLAESP). Il avait vocation à lutter contre la vente de produits illicites commercialisés pendant la pandémie de covid-19, et depuis étendu à l’ensemble des produits illicites.  

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Infographie présentant l’operation SHIELD d’Europol

La sérialisation – dispositif obligatoire en Europe – joue un rôle essentiel dans la lutte contre la falsification des médicaments. Elle instaure un identifiant unique figurant sur la boîte de chaque médicament de prescription médicale obligatoire afin d’identifier le produit. Cet identifiant est apposé par le fabricant du médicament puis scanné par la pharmacie avant que le médicament ne soit dispensé. Un dispositif anti-effraction doit également figurer sur tous les médicaments, dont le rôle est de garantir que le contenant n’a jamais été ouvert.

Certains laboratoires comme Servier ont fait le choix d’aller au-delà de l’obligation de sérialisation pour protéger l’intégrité et la qualité de leurs médicaments, en mettant en place l’agrégation de la chaîne d’approvisionnement pharmaceutique. Cette innovation instaure un marquage relatif à l’ensemble du contenant (caisse ou carton) dans lequel les médicaments seront acheminés vers les pharmacies. Elle offre donc un niveau de protection supplémentaire.

Plus largement, le développement de nouveaux outils numériques ouvre sans cesse de nouvelles opportunités pour améliorer la traçabilité des médicaments. En France, une expérimentation visant à remplacer les notices de médicaments par des notices numériques obtenues en scannant un QR Code a notamment été lancée en 2024. En introduisant une dimension numérique, ces QR Codes rendent plus complexe la falsification. Une expérimentation similaire va également être lancée au Brésil.

Malgré les efforts déployés par les autorités répressives et sanitaires et l’industrie pharmaceutique pour protéger les patients, ces derniers doivent faire preuve d’une vigilance constante lors de l’achat de produits pharmaceutiques. En plus de se procurer impérativement leurs médicaments en pharmacie d’officine ou auprès d’une pharmacie en ligne certifiée, ils doivent être attentifs à l’état du conditionnement du médicament, à la concordance des dates de fabrication et de péremption et à la qualité de la notice.

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[1] OCDE – 2020
[2] European Commission / EUIPO—2021
[3] OMS – 2017
[4] Interpol – https://www.interpol.int/fr/Actualites-et-evenements/Actualites/2023/Une-operation-d-INTERPOL-cible-les-medicaments-illicites-dans-le-monde
[5] Gendinfo – https://www.gendarmerie.interieur.gouv.fr/gendinfo/actualites/2022/shield-un-bouclier-de-protection-contre-le-trafic-de-medicaments
[6] https://www.gendarmerie.interieur.gouv.fr/gendinfo/actualites/2022/shield-un-bouclier-de-protection
[7] Europol – https://www.europol.europa.eu/media-press/newsroom/news/fake-medicines-worth-eur-64-million-eu-markets