En fonction des pays, entre 2 % et 8 % des émissions de gaz à effet de serre sont imputables au secteur de la santé1. En France, il représente environ 8 % des émissions nationales, dont 29 % sont liés à l’achat de médicaments2. Face aux dégradations environnementales – pollution, changement climatique, érosion de la biodiversité – qui menacent notre santé, l’industrie pharmaceutique a le pouvoir d’agir, et ce à chaque étape du cycle de vie du médicament. Soraya Ramoul Blegvad, Chief Sustainability Officer chez Servier, nous partage comment Servier se mobilise face aux défis environnementaux qui l’entourent.
Soraya, en quoi la réduction de l’empreinte environnementale constitue-t-elle un défi majeur pour le secteur pharmaceutique ?
Aujourd’hui, le lien entre l’état de l’environnement et la santé publique est largement reconnu. Les dégradations environnementales engendrées par l’activité humaine seraient responsables de 12,6 millions de décès dans le monde3.
Pour notre industrie, tout le défi réside dans la recherche complexe d’un équilibre entre deux objectifs qui, à priori, semblent s’opposer. D’une part, alors que la demande de traitements ne cesse de croître, notamment du fait du vieillissement de la population, nous devons soigner un nombre toujours plus important de patients et de patientes, impliquant une utilisation accrue de ressources. D’autre part, nous devons adopter une démarche plus durable pour réduire notre empreinte écologique. Ce double impératif est aujourd’hui partagé par toutes les entreprises qui, comme Servier, sont engagées dans une trajectoire de croissance au bénéfice du patient, tout en ayant conscience de l’effort environnemental à fournir pour garantir la résilience de nos activités et protéger la santé au niveau mondial.
En tant qu’acteur pharmaceutique, notre mission est de préserver la santé des individus et nous prenons en compte cette réalité dans chacune des actions que nous entreprenons.
Quelle stratégie Servier déploie-t-il pour réduire l’impact environnemental de ses activités ?
Dans le cadre de notre programme Servier Climate Commitment, nos objectifs sont alignés avec ceux de l’Accord de Paris. Nous avons l’ambition de réduire nos émissions de CO2 de 42 % pour les scopes 1 et 2, et de 25 % pour le scope 3 d’ici 2030 par rapport à 2021-2022. Pour y parvenir, nous agissons sur quatre leviers majeurs : l’énergie, les achats de biens et de services, le transport et la distribution de nos médicaments, ainsi que les déplacements des collaborateurs.
Pour réduire nos émissions directes des scopes 1 et 2, représentant 6 % de l’empreinte carbone du Groupe, nous :
Les émissions de scope 3, c’est-à-dire celles qui ne sont pas directement liées à la fabrication de nos produits mais à d’autres étapes de leur cycle de vie, représentent 94 % de notre empreinte carbone. Pour les réduire, nous :
En parallèle, sur toute la chaîne de valeur du médicament, nous considérons l’écoconception comme un levier clé pour réduire notre impact environnemental tout en respectant les impératifs d’efficacité et de sécurité thérapeutique. Notre programme EcoDesign by Servier intègre, depuis la recherche et développement jusqu’à la fin de vie de nos médicaments, diverses initiatives autour de la chimie verte ainsi que le recyclage et l’optimisation de nos emballages. Dans le cadre de ce programme, notre outil interne Green Score nous permet d’évaluer l’impact environnemental des activités de synthèse chimique de nos médicaments afin d’orienter nos choix vers des solutions à plus faibles émissions.
Quels progrès ont déjà été accomplis en matière de transition écologique et quels sont les défis à relever pour l’avenir ?
En 2023-2024, nous avons déjà réduit de 14 % nos émissions de scopes 1 et 2 et nous sommes sur la bonne voie pour atteindre notre objectif de les diminuer de 16 % en 2024-2025.
En revanche, à mesure que nous augmentons notre production de médicaments pour répondre à une demande croissante, nos émissions de scope 3 augmentent également. C’est dans cette hausse que réside notre principal défi. Comme il s’agit ici d’inciter nos fournisseurs à réduire leur propre impact, nous n’avons pas un contrôle total sur cette part de l’effort, ce qui la rend d’autant plus complexe. Notre rôle est donc d’encourager plutôt que d’imposer, de transformer en opportunité ce qui est perçu comme une contrainte. Nous pensons que nos fournisseurs seront d’autant plus enclins à adopter des pratiques durables si nous parvenons à leur démontrer en quoi celles-ci peuvent contribuer à renforcer leur résilience et leur compétitivité, notamment en réduisant certains coûts, en valorisant leur image et en leur ouvrant de nouvelles opportunités commerciales.
Par ailleurs, pour Servier, le challenge actuel est aussi de clarifier notre plan de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour que chaque collaborateur et collaboratrice ait une vision précise des leviers à actionner et de sa contribution à l’effort collectif. Notre engagement gagnera en impact s’il s’accompagne d’une coordination renforcée entre les métiers, favorisant une collaboration efficace et le partage des bonnes pratiques, pour qu’elles ne restent pas cantonnées à certains périmètres mais irriguent l’ensemble du groupe. Nous devons identifier les actions qui ont le plus d’impact et concentrer nos efforts sur celles-ci, tout en ne compromettant jamais la sécurité des patients et patientes, qui reste notre priorité absolue. Il est aussi essentiel d’adopter une approche ciblée et adaptée aux spécificités de chacun de nos sites car les problématiques et les ressources peuvent varier d’un site à l’autre.
[1] https://healthcareclimateaction.org/sites/default/files/2021-11/French_HealthCaresClimateFootprint_091619_web.pdf, consulté le 19/05/2025
[2] Décarboner la santé pour soigner durablement, The Shift Project, avril 2023
[3] Unleash AI’s potential. Measuring the return from « L’insalubrité de l’environnement provoque 12,6 millions de décès par an », Organisation mondiale de la Santé, mars 2016