Près de vingt millions : ce chiffre alarmant correspond au nombre de personnes nouvellement diagnostiquées d’un cancer1 chaque année dans le monde. Parmi elles, six cas pour 100 000 cancers en Europe sont confrontés à une forme rare de cancer2. Pour ces patients, c’est souvent synonyme d‘un parcours de soin difficile : en sus de l’annonce de leur maladie, la rareté de leur cancer rend les options de santé existantes peu adaptées, peu nombreuses, et pour certains, elles sont même inexistantes. Un quotidien qui ressemble souvent à celui des patients atteints de maladie rare.
Qu’appelle-t-on « cancer rare » ?
Cancer rare : une maladie rare par définition
Un cancer est considéré rare lorsque son incidence est inférieure à six personnes sur 100 000 par an en Europe et quinze cas sur 100,000 aux États-Unis2. On dénombre aujourd’hui plusieurs centaines de cancers rares (cancer de l‘œsophage, certaines tumeurs des ovaires, tumeurs des cavités nasales, etc), qui représentent près d’un quart des cancers, soit près d’un cancer sur quatre3.
L’incidence d’une maladie désigne le nombre de nouveaux cas recensés pendant une année au sein d’une population4.
Au-delà du critère statistique, leur rareté provient également de la localisation peu commune de la tumeur (cornée, langue etc.), de leur complexité (pouvant être liée à des mutations spécifiques par exemple) ou encore de la situation particulière du patient (grossesse, présence d’une greffe ou d’une infection comme le VIH, etc.). Souvent, ces types de cancers cumulent plusieurs caractéristiques.
C’est le cas des cancers du cerveau, relativement rares et difficiles à traiter. Chez l’adulte, le gliome diffus est le type le plus fréquent de tumeur cérébrale maligne. À la différence des tumeurs cérébrales dites secondaires, qui sont des métastases se développant à partir d’un autre cancer situé dans un autre organe, les gliomes se développent à partir des cellules gliales qui entourent les neurones et qui supportent leur fonctionnement.
On parle de cancer métastatique lorsque celui-ci s’est propagé de l’endroit où il est d’abord apparu à une autre partie du corps.
Au-delà de la localisation peu commune de la tumeur, son incidence est inférieure à 5/100 000 aux États-Unis.5
Les cellules gliales sont celles qui composent l’environnement des neurones. Elles représentent près de 50 % du volume cérébral et leur fonction est vitale pour assurer le maintien de l’homéostasie et la protection du tissu nerveux en apportant les nutriments et l’oxygène, via l’élimination des cellules mortes et le combat des éléments pathogènes.
Des enjeux communs avec les maladies rares
Aujourd’hui, l’un des combats pour les réseaux de patients atteints d’une maladie rare est justement de se détacher de l’étiquette « rare ». Car si individuellement ce sont des maladies rares, cumulées ensembles, elles concernent des centaines de millions de personnes.6
Particulièrement actif et structuré, le réseau associatif des patients des maladies rares (dont les cancers rares) se mobilise autour de trois enjeux principaux :
« Les patients atteints d’une forme rare de cancer sont confrontés aux mêmes défis que les patients atteints d’une maladie rare. Il est important de les traiter par ce même prisme dans la mesure où leurs besoins sont souvent non couverts et spécifiques. »
Nicolas Garnier, Chief Patient Officer chez Servier
9 000
Plus de 9 000 maladies rares sont identifiées à ce jour7
25 millions
de personnes sont touchées par une maladie rare, cancers rares inclus en Europe8
Tous les cancers pédiatriques et adolescents sont considérés comme rares.
Les grands défis auxquels sont confrontés les patients atteints de cancer rare
L’effet « boule de neige » de la rareté
Étant donné leur rareté, les maladies rares, dont les formes rares de cancers, sont difficiles à diagnostiquer. Cela est dû en partie au manque d’histoire médicale autour de leur pathologie et à la méconnaissance de celles-ci. En effet, si peu de patients sont touchés par une maladie, on retrouvera automatiquement moins d’experts dans ce domaine, et donc, in fine, moins de traitements thérapeutiques et d’innovations. Car même si au cumul, l’incidence des maladies rares est plutôt fréquente, la recherche scientifique fondamentale, les études cliniques et l’approbation de nouvelles thérapies dans ce domaine sont toujours limitées.
« Afin d’améliorer le diagnostic, il faudrait adopter une autre approche médicale. Bien souvent, les professionnels de santé sont formés à identifier une maladie à partir d’un test, à partir d’une grille de symptômes prédéfinis et en se basant sur les probabilités de la maladie. Or dans les maladies rares, il est courant que les patients ne présentent qu’une partie des symptômes classiquement connus, et par ailleurs, ils peuvent également présenter des symptômes additionnels. C’est pourquoi, trop souvent, les patients sont mal diagnostiqués en première intention. »
Nicolas Garnier, Chief Patient Officer chez Servier
L’errance diagnostique
On appelle « errance diagnostique » la période plus ou moins longue durant laquelle un patient n’est pas fixé sur le diagnostic définitif de sa maladie. En moyenne, on estime que la moitié des patients atteints d’une maladie rare dispose d’un diagnostic précis, qui met en moyenne 5 ans à être posé pour plus d’1/4 des personnes9. Cette durée est la conséquence directe du manque de connaissance sur les cancers rares et les formes qu’ils prennent.
Au-delà de l’incompréhension et de la souffrance du patient, l’errance diagnostique a aussi des conséquences significatives sur les systèmes de santé : multiplication des consultations, prise de médicaments non adaptés, etc. Des impacts socio-économiques substantiels qui restent souvent dans l’angle mort.
Diagnostics défavorables
Qui dit diagnostic tardif, dit également prise en charge tardive et un diagnostic souvent plus pessimiste en raison de l’avancée du cancer depuis les premiers symptômes. De nos jours, on considère que les cancers rares sont responsables de 25 % des décès par cancer10. Un pronostic souvent plus défavorable pour les patients atteints d’une forme moins rare de cancer.
Le défi géographique
L’une des grandes difficultés réside dans la répartition géographique des patients dans des zones, des pays très différents, ce qui complique le recrutement pour les études cliniques par exemple. Réunir les patients dans un même endroit ? Les suivre à distance ? Comment prendre en compte les singularités de chaque patient ? Autant de questions qui interrogent la pertinence d’une étude clinique traditionnelle.
« Pour ce type de maladies, le programme de développement doit être adapté et représentatif de la population concernée connue. La constitution d’une cohorte clinique en vue d’une inclusion de malades dans une étude clinique est complexe, car cela nécessite une caractérisation précise de chaque malade, ainsi qu’une harmonisation pour l’ensemble des patients, en fonction de caractéristiques cliniques et biologiques communes. »
Nicolas Lévy, Professeur de génétique humaine et médicale, directeur scientifique des maladies rares chez Servier
Et désormais, quelles solutions pour les cancers rares ?
Des études cliniques plus adaptées
Bien souvent, les programmes de développement doivent être adaptés à la cohorte. Pour définir la taille, on s’appuie désormais sur les données statistiques de la maladie en question et non plus sur des standards qui ne sont pas adaptés à ce type de maladie. Pour les maladies ultra rares, « nano-rares », dont la prévalence (cas existants et nouveaux cas) est inférieure à 30 personnes11, certaines études cliniques peuvent parfois n’impliquer qu’un seul patient.
En reproduisant les processus mécaniques, chimiques et organiques tels qu’ils se produisent dans le corps du patient, y compris au niveau cellulaires, les jumeaux numériques peuvent offrir un second élément de réponse à ce défi. Ils permettent de simuler avec précision le comportement d’un médicament en offrant une image complète de la maladie. En ce sens, Servier a signé un partenariat dans le cancer du pancréas et la maladie de Parkinson avec Aitia, le leader dans le développement de jumeaux numériques.
Développer le diagnostic
Au fur et à mesure de la découverte de nouvelles maladies rares, et de la mise en commun des cas cliniques, l’histoire médicale de chacune de ces maladies se bâtit. Ces informations sont essentielles pour identifier des biomarqueurs communs et segmenter les profils de patients.
« Comprendre ce que l’on cherche à mesurer, c’est la première étape dans le développement du bon outil de diagnostic. Car dès lors que l’on a posé le diagnostic précis d’une maladie, avec un mécanisme génétique ou biologique quel qu’il soit, on a déjà fait une partie du chemin. À partir de là, on peut commencer à identifier des éléments du mécanisme de la maladie, élaborer des stratégies de prise en charge du patient et entrevoir comment on va construire une approche thérapeutique pour aller vers une molécule qui sera la plus efficace et avec le moins d’effets secondaires possibles. »
Nicolas Lévy, Professeur de génétique humaine et médicale, directeur scientifique des maladies rares chez Servier
La formation d’experts
Afin d’améliorer la prise en charge des patients, les gouvernements ont incité à former de plus en plus d’experts au cours des dernières années. C’est le cas de la France, qui en 2009, via l’Institut National du Cancer, a développé le label « centre expert » octroyé aux établissements qui accueillent les patients souffrant d’un cancer rare (la Fondation Maladies Rares adressant les besoins des patients atteints d’une maladie rare avec développement tumoral, mais pas les cancers rares identifiés). Dans ces centres, l’objectif est de :
« Aujourd’hui, 95 %12 des maladies rares ne disposent pas encore de traitement curatif dans un domaine quel qu’il soit. Il s’agit d’un des plus grands potentiels d’innovation médicale et d’innovation en recherche dans les sciences de la vie et de la santé. Et cela fait partie des grandes opportunités pour les acteurs de la Recherche mais aussi pour l’ensemble des acteurs de la société et bien entendu pour les patients ! »
Nicolas Lévy, Professeur de génétique humaine et médicale, directeur scientifique des maladies rares chez Servier
En tant qu’acteur de santé indépendant engagé pour le progrès thérapeutique, nous sommes en mesure d’orienter nos efforts d’innovation selon les besoins des patients. Notre objectif est d’apporter de véritables innovations thérapeutiques pour les patients dont les besoins sont majeurs et non couverts.
[1] Worldwide cancer data | World Cancer Research Fund International (wcrf.org)
[2] Cancers rares de l’adulte, Institut National du Cancer, https://www.e-cancer.fr › content › download › file (consulté en avril 2024)
[3] https://www.esmo.org/policy/rare-cancers-working-group/what-are-rare-cancers/definition-of-rare-cancers (consulté en avril 2024)
[4] https://www.ined.fr/fr/lexique/incidence-d-une-maladie/ (consulté en avril 2024)
[5] Quinn T Ostrom, Mackenzie Price, Corey Neff, Gino Cioffi, Kristin Waite, Carol Kruchko, Jill S Barnholtz-Sloan, CBTRUS Statistical Report: Primary Brain and Other Central Nervous System Tumors Diagnosed in the United States in 2015–2019, Neuro-Oncology, Volume 24, Issue Supplement_5, October 2022, Pages v52
[6] https://www.rarediseasesinternational.org/new-scientific-paper-confirms-300-million-people-living-with-a-rare-disease-worldwide/ (consulté en mars 2024)
[7]https://www.embl.org/news/science/model-organism-data-rare-diseases/
[8] https://sante.gouv.fr/soins-et-maladies/prises-en-charge-specialisees/maladies-rares/article/les-maladies-rares#:~:text=En%20France%2C%20elles%20repr%C3%A9sentent%20un,un%20an%20et%205%20ans. (consulté en avril 2024)
[9] https://sante.gouv.fr/soins-et-maladies/prises-en-charge-specialisees/maladies-rares/article/les-maladies-rares (consulté en mars 2024)
[10] Rare Disease Day 2022: IARC highlights the burden of rare cancers – IARC (who.int) (consulté en avril 2024)
[11] Crooke S. Progress in molecular biology and translational science addressing the needs of nano-rare patients – ScienceDirect
[12] https://alliance-maladies-rares.org/nos-combats/