Les maladies rares touchent aujourd’hui entre 3,5 et 5,9 % de la population mondiale, soit 300 millions de patients à travers le globe1. On en dénombre aujourd’hui plus de 9 0002, dont 80% ont une origine génétique3. Ces pathologies sont complexes et hétérogènes, et une même mutation peut entraîner des symptômes variés d’un patient à l’autre. Pour chacun d’entre eux, le parcours de soin s’annonce unique et souvent laborieux.
Errance diagnostique : un défi majeur dans les maladies génétiques rares
Les symptômes des maladies rares sont souvent multiples, variés d’un individu à un autre et non spécifiques. Cette complexité clinique rend le diagnostic particulièrement difficile pour le corps médical et entraînant une longue errance médicale pour les patients. Aujourd’hui, seule une personne atteinte de maladie rare sur deux dispose d’un diagnostic précis4. Pour un quart des patients, le délai diagnostic est d’environ 4 ans5.
Réduire l’errance diagnostique grâce aux analyses génétiques
Les maladies rares sont responsables de plus de 30% de la mortalité infantile6, un chiffre alarmant qui souligne la nécessité de diagnostics plus précoces et précis. Plusieurs innovations récentes comme le séquençage de l’exome et du génome entier pourraient permettre de réduire considérablement l’errance diagnostique. L’identification du diagnostic à un stade précoce de la maladie permettra alors la prise en charge thérapeutique la plus adaptée. Leur usage soulève toutefois un certain nombre de problématiques qui freinent aujourd’hui leur adoption, comme l’analyse et la gestion d’un grand volume de données génétiques sensibles, l’obtention du consentement éclairé de jeunes enfants ou encore le risque potentiel de discrimination génétique.
Des premiers symptômes au diagnostic : un parcours long et complexe
Le parcours d’un patient atteint de maladie rare commence généralement par l’apparition de premiers signes cliniques souvent non spécifiques qui ne permettent pas d’orienter d’emblée vers le bon diagnostic. Les médecins – généralistes ou spécialistes – explorent initialement naturellement les hypothèses diagnostiques et thérapeutiques les plus fréquentes.
Face à l’atypie de l’évolution clinique, l’aggravation des symptômes et/ou l’absence d’efficacité d’un premier traitement les patients sont orientés dans un second temps vers des centres de référence pour la prise en charge des maladies rares. Ces centres regroupent des équipes médicales et paramédicales pluridisciplinaires hautement spécialisées dans une ou plusieurs maladies rares et fonctionnent en réseaux (par exemple le European Reference Networks). Ces centres ont l’infrastructure et l’expertise permettant d’accélérer le diagnostic d’une maladie rare en particulier via la réalisation de tests génétiques lorsque ce type de pathologie est soupçonnée.
Avoir un diagnostic permet au patient de bénéficier de la prise en charge – quand cela est possible – la plus adaptée à sa pathologie.
Antécédents génétiques : diagnostiquer la maladie avant l’apparition des premiers symptômes
Les maladies rares neurodégénératives débutent par une dégénérescence neuronale qui n’occasionne pas de symptômes perceptibles par le patient dans un premier temps. L’apparition des signes cliniques marque généralement une progression significative de la maladie. Pour les personnes qui présentent des antécédents génétiques familiaux, il est dans certains cas possible de réaliser des tests de dépistage de la maladie le plus précocement possible, avant l’apparition des premiers symptômes.
Pluridisciplinarité : la clé d’un parcours de soin adapté
Le parcours de soin débute dès les premiers symptômes, mais s’adapte lorsque le diagnostic est posé. Les troubles pathologiques sont très variés et peuvent toucher différents organes et systèmes. Dans 50% des cas, les maladies rares entraînent un déficit moteur, sensoriel ou intellectuel et dans 9% des cas, une perte totale d’autonomie7. La prise en charge doit prendre le patient dans sa globalité et inclut généralement :
« Les patients atteints de maladies génétique rares doivent être pris en charge dans le cadre d’un parcours de soins multidisciplinaire structuré autour de plusieurs spécialistes et professions paramédicales. L’immense majorité de ces pathologies ne disposent aujourd’hui pas de traitement. Il s’agit alors d’accompagner le patient et ses proches – qui jouent souvent un rôle central dans son parcours médical – dans la gestion des symptômes et du retentissement de la maladie. »
Florence Keime-Guibert, Clinical affairs and partnerships Director Neurology Therapeutic Area chez Servier
Orphanet : accompagner les patients souffrant de maladies rares
Orphanet est une plateforme d’envergure européenne créée par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) pour accompagner les patients souffrant de maladies rares à chaque étape du parcours de soin. Ils peuvent y trouver de nombreuses ressources précieuses, et notamment plusieurs répertoires : centres experts en maladies rares, laboratoires médicaux fournissant des tests diagnostiques, associations et services aux patients.
Maladies rares d’origine génétique : des avancées thérapeutiques porteuses d’espoir
Moins de 5% des maladies rares disposent aujourd’hui d’un traitement curatif8. Ces dernières années, les acteurs de la recherche et de l’industrie pharmaceutique se sont alors principalement attachés à :
Des thérapies innovantes comme les thérapies géniques9 ou encore les thérapies à ARN10 ont alors émergé. La thérapie génique permet de corriger la modification génétique présente dans l’ADN responsable de la maladie. Les thérapies à ARN reposent quant à elles sur la modification des copies temporaires de l’ADN – les ARN – grâce à différentes techniques. Les oligonucléotides antisens par exemple sont des séquences d’acides nucléiques conçues pour se lier spécifiquement à des molécules d’ARN messager (ARNm). En se fixant sur celles-ci, ils peuvent bloquer ou modifier la traduction de ces ARNm en protéines défectueuses qui peuvent causer des maladies.
Le développement de ces approches thérapeutiques est vecteur d’espoir pour les patients qui souffrent de maladies rares d’origine génétique et attendent l’arrivée de traitements plus efficaces et personnalisés.
Découvrez l’entretien de Nicolas Lévy, Chief Scientist Rare Diseases chez Servier.
Engagé depuis plus de 30 ans auprès des patients atteints de maladies rares, il est auteur du livre Les maladies rares et les espoirs de la médecine du futur.
[1] https://www.rarediseaseday.org/what-is-a-rare-disease/ – page consultée le 18.02.2025
[2] https://www.embl.org/news/science/model-organism-data-rare-diseases/ – page consultée le 18.02.2025
[3] https://sante.gouv.fr/soins-et-maladies/prises-en-charge-specialisees/maladies-rares/article/les-maladies-rares – page consultée le 18.02.2025
[4] https://sante.gouv.fr/soins-et-maladies/prises-en-charge-specialisees/maladies-rares/article/journee-internationale-des-maladies-rares-432146#:~:text=Ainsi%2C%20une%20journ%C3%A9e%20internationale%20est,lieu%20le%2029%20f%C3%A9vrier%202024 – page consultée le 18.02.2025
[5] https://www.alliance-maladies-rares.org/wp-content/uploads/2020/05/Erradiag-l-errance-diagnostic-dans-les-maladies-rares1.pdf – page consultée le 18.02.2025
[6] https://www.inshs.cnrs.fr/fr/innovations-sociales-et-therapeutiques-pour-lamelioration-de-la-qualite-de-vie-des-jeunes-patients – page consultée le 11.02.25
[7] https://sante.gouv.fr/soins-et-maladies/prises-en-charge-specialisees/maladies-rares/article/les-maladies-rares – page consultée le 10.02.25
[8] https://alliance-maladies-rares.org/nos-combats/ – page consultée le 10.02.25
[9] Clinical applications of gene therapy for rare diseases: A review – Papaioannou – 2023 – International Journal of Experimental Pathology – Wiley Online Library – page consultée le 20.02.25
[10] mRNA therapies: Pioneering a new era in rare genetic disease treatment – PubMed – page consultée le 20.02.25