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Prendre en charge les patients atteints de maladies rares d’origine génétique

Les symptômes des maladies rares sont souvent multiples, variés d’un individu à un autre et non spécifiques. Cette complexité clinique rend le diagnostic particulièrement difficile pour le corps médical et entraînant une longue errance médicale pour les patients. Aujourd’hui, seule une personne atteinte de maladie rare sur deux dispose d’un diagnostic précis4. Pour un quart des patients, le délai diagnostic est d’environ 4 ans5.

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Infographie illustre les différentes étapes du parcours de soin d’un patient atteint d’une maladie génétique rare

Réduire l’errance diagnostique grâce aux analyses génétiques

Les maladies rares sont responsables de plus de 30% de la mortalité infantile6, un chiffre alarmant qui souligne la nécessité de diagnostics plus précoces et précis. Plusieurs innovations récentes comme le séquençage de l’exome et du génome entier pourraient permettre de réduire considérablement l’errance diagnostique. L’identification du diagnostic à un stade précoce de la maladie permettra alors la prise en charge thérapeutique la plus adaptée. Leur usage soulève toutefois un certain nombre de problématiques qui freinent aujourd’hui leur adoption, comme l’analyse et la gestion d’un grand volume de données génétiques sensibles, l’obtention du consentement éclairé de jeunes enfants ou encore le risque potentiel de discrimination génétique.

Le parcours d’un patient atteint de maladie rare commence généralement par l’apparition de premiers signes cliniques souvent non spécifiques qui ne permettent pas d’orienter d’emblée vers le bon diagnostic. Les médecins – généralistes ou spécialistes – explorent initialement naturellement les hypothèses diagnostiques et thérapeutiques les plus fréquentes.

Face à l’atypie de l’évolution clinique, l’aggravation des symptômes et/ou l’absence d’efficacité d’un premier traitement les patients sont orientés dans un second temps vers des centres de référence pour la prise en charge des maladies rares.  Ces centres regroupent des équipes médicales et paramédicales pluridisciplinaires hautement spécialisées dans une ou plusieurs maladies rares et fonctionnent en réseaux (par exemple le European Reference Networks).  Ces centres ont l’infrastructure et l’expertise permettant d’accélérer le diagnostic d’une maladie rare en particulier via la réalisation de tests génétiques lorsque ce type de pathologie est soupçonnée.  

Avoir un diagnostic permet au patient de bénéficier de la prise en charge – quand cela est possible – la plus adaptée à sa pathologie.

Antécédents génétiques : diagnostiquer la maladie avant l’apparition des premiers symptômes

Les maladies rares neurodégénératives débutent par une dégénérescence neuronale qui n’occasionne pas de symptômes perceptibles par le patient dans un premier temps. L’apparition des signes cliniques marque généralement une progression significative de la maladie. Pour les personnes qui présentent des antécédents génétiques familiaux, il est dans certains cas possible de réaliser des tests de dépistage de la maladie le plus précocement possible, avant l’apparition des premiers symptômes.

Le parcours de soin débute dès les premiers symptômes, mais s’adapte lorsque le diagnostic est posé. Les troubles pathologiques sont très variés et peuvent toucher différents organes et systèmes.  Dans 50% des cas, les maladies rares entraînent un déficit moteur, sensoriel ou intellectuel et dans 9% des cas, une perte totale d’autonomie7. La prise en charge doit prendre le patient dans sa globalité et inclut généralement :

  • La mise en place d’un traitement spécifique de la pathologie lorsqu’il existe (moins de 5% des maladies rares ont un traitement spécifique8)
  • Le traitement des troubles associés à la maladie avec des traitements symptomatiques (luttant contre les symptômes mais pas contre la cause de la pathologie)
  • La préservation de la qualité de vie du patient et des fonctions existantes comme l’élocution ou les capacités motrices. Cela implique l’intervention de différents spécialistes (neurologue, pneumologue, etc) et de professions paramédicales comme les kinésithérapeutes, les ergothérapeutes ou encore les orthophonistes ;
  • L’adaptation de l’environnement du patient, qui est bien souvent amené à avoir besoin d’équipements comme un lit médicalisé, un fauteuil roulant, une nutrition parentérale (par sonde) ou encore un système d’aspiration bronchique, … ;
  • L’accompagnement psycho-social au patient et à ses proches. Cet accompagnement peut inclure des conseils génétiques, notamment si le patient envisage de fonder une famille et souhaite évaluer les risques de transmission de sa pathologie.

Orphanet : accompagner les patients souffrant de maladies rares

Orphanet est une plateforme d’envergure européenne créée par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) pour accompagner les patients souffrant de maladies rares à chaque étape du parcours de soin. Ils peuvent y trouver de nombreuses ressources précieuses, et notamment plusieurs répertoires : centres experts en maladies rares, laboratoires médicaux fournissant des tests diagnostiques, associations et services aux patients.

Moins de 5% des maladies rares disposent aujourd’hui d’un traitement curatif8. Ces dernières années, les acteurs de la recherche et de l’industrie pharmaceutique se sont alors principalement attachés à :

  • Identifier des traitements chroniques qui stabilisent la pathologie en limitant la progression des symptômes. S’ils ne permettent pas de guérir les patients, ces traitements entraînent néanmoins une amélioration significative de leur qualité de vie ;
  • Développer des approches thérapeutiques permettant une correction des causes génétiques des maladies rares.

Des thérapies innovantes comme les thérapies géniques9 ou encore les thérapies à ARN10 ont alors émergé. La thérapie génique permet de corriger la modification génétique présente dans l’ADN responsable de la maladie. Les thérapies à ARN reposent quant à elles sur la modification des copies temporaires de l’ADN – les ARN – grâce à différentes techniques. Les oligonucléotides antisens par exemple sont des séquences d’acides nucléiques conçues pour se lier spécifiquement à des molécules d’ARN messager (ARNm). En se fixant sur celles-ci, ils peuvent bloquer ou modifier la traduction de ces ARNm en protéines défectueuses qui peuvent causer des maladies.

Le développement de ces approches thérapeutiques est vecteur d’espoir pour les patients qui souffrent de maladies rares d’origine génétique et attendent l’arrivée de traitements plus efficaces et personnalisés.

Découvrez l’entretien de Nicolas Lévy, Chief Scientist Rare Diseases chez Servier.

Engagé depuis plus de 30 ans auprès des patients atteints de maladies rares, il est auteur du livre Les maladies rares et les espoirs de la médecine du futur.


[1] https://www.rarediseaseday.org/what-is-a-rare-disease/ – page consultée le 18.02.2025
[2] https://www.embl.org/news/science/model-organism-data-rare-diseases/ – page consultée le 18.02.2025
[3] https://sante.gouv.fr/soins-et-maladies/prises-en-charge-specialisees/maladies-rares/article/les-maladies-rares – page consultée le 18.02.2025
[4] https://sante.gouv.fr/soins-et-maladies/prises-en-charge-specialisees/maladies-rares/article/journee-internationale-des-maladies-rares-432146#:~:text=Ainsi%2C%20une%20journ%C3%A9e%20internationale%20est,lieu%20le%2029%20f%C3%A9vrier%202024 – page consultée le 18.02.2025
[5] https://www.alliance-maladies-rares.org/wp-content/uploads/2020/05/Erradiag-l-errance-diagnostic-dans-les-maladies-rares1.pdf – page consultée le 18.02.2025
[6] https://www.inshs.cnrs.fr/fr/innovations-sociales-et-therapeutiques-pour-lamelioration-de-la-qualite-de-vie-des-jeunes-patients – page consultée le 11.02.25
[7] https://sante.gouv.fr/soins-et-maladies/prises-en-charge-specialisees/maladies-rares/article/les-maladies-rares – page consultée le 10.02.25
[8] https://alliance-maladies-rares.org/nos-combats/ – page consultée le 10.02.25
[9] Clinical applications of gene therapy for rare diseases: A review – Papaioannou – 2023 – International Journal of Experimental Pathology – Wiley Online Library – page consultée le 20.02.25
[10] mRNA therapies: Pioneering a new era in rare genetic disease treatment – PubMed – page consultée le 20.02.25